Shiromilla : Merci beaucoup Chloé, de nous accorder cette interview.
S : Peux-tu te présenter ?
Chloé Tranchant : Je m’appelle Chloé, je vais bientôt avoir 32 ans, je suis une chti. J’étais pharmacienne, puis j’ai été repérée dans une élection de miss. Ce n’est plus du tout mon univers, mais je suis contente de l’avoir fait, ça m’a ouvert pas mal de portes. Ensuite j’ai travaillé dans un laboratoire de cosmétiques, c’est vraiment ça qui m’a permis de faire la transition avec le mannequinat. Le mannequinat c’était quelque chose que je faisais pendant mes études, pour les financer. Je faisais énormément de test shoots
j’adorais faire des photos pour partager sur les réseaux. Ça fait toujours du bien quand on est jeune d’avoir des photos, ça fait du bien à l’égo. Très vite le métier de pharmacienne ne me plaisait plus, j’ai travaillé pour un laboratoire de cosmétiques italien. J’ai adoré, je me suis éclatée. J’ai pu être indépendante, ça m'a permis de faire + de casting, d’être plus présente.
Ce temps m’a permis de développer ma carrière dans le mannequinat. J’ai déménagé sur Paris, j’ai fait plusieurs castings. Il y a deux ans je me suis lancée totalement dans le mannequinat, je vis complètement de ça. Mon chéri est lui aussi mannequin. Je m’éclate, ça marche super bien.
Mais je ne suis pas que mannequin, j’ai monté un projet qui me tenait à cœur, qui s’appelle ma vie positive, J’y parle beaucoup de la santé et de la beauté au naturel, et je donne des tips de développement personnel. Je fais aussi beaucoup d’interviews de personnes inspirantes, qui font partie de notre entourage, ou que l’on rencontre en mode casting sauvage. Je retranscris tout ça sur les réseaux.
J’adore ce passe-temps, qui me permet de faire autre chose, les jours où je ne bosse pas, et me faire plaisir également.
S : Depuis quand es tu mannequin ?
Chloé Tranchant : J’ai fait mes premières photos en 2011 / 2012, vers 21 ans. Ça a commencé autour des sélections de miss. J’ai été sollicitée par plusieurs photographes, c’était des collaborations, c’était chouette. Mon premier job c’était autour de 22 ans, pour une campagne de sport, c’était le tout premier shooting de danse classique, parce qu’à l’époque j’étais danseuse classique.
Puis, arrêt pendant quelques années, j’ai fini mes études. Ensuite vers 25 ans j’ai eu des jobs, de l’ordre d’une fois par mois et encore. Je suis mannequin totalement depuis 2019. J’y ai mis toute mon énergie.
S : As-tu toujours voulu te lancer dans le mannequinat ?
Chloé Tranchant : Je n’ai pas toujours voulu me lancer dans le mannequinat, c’était un milieu qui m’attirait, mais pas pour les mêmes raisons qu’aujourd’hui. Plus jeune quand je voyais les magazines, les photos, ça me faisait rêver, parce qu’on s’imagine tous avoir nos photos en 4 par 3, nos photos sur les arrêts de bus… Avoir des photos magnifiques, faites par des grands photographes, à notre avantage, avec les lumières, les postures, etc… Ça donne envie, mais c’était plus de l’ordre de l’égo, l’envie de se voir belle, ça me donnait confiance.
J’avais ce sentiment d’avoir un vrai plus. L’envie de mettre certaines robes, d’être sur des sets incroyables, c’est qui m’a attiré.
Aujourd’hui c’est différent, j’adore mon métier, mais pas pour les mêmes raisons. Il y a beaucoup d’a priori sur les mannequins, avec cette image de la fille qui n’a pas grand chose dans la tête. On ne se rend pas compte de tout ce qu’on gère.
Mon plus grand plaisir c’est de découvrir de nouvelles personnes. C’est rare de travailler avec les mêmes équipes. On apprend beaucoup sur nous-même, sur l’humain, on apprend à se gérer. C’est l’école de la vie. Le photographe n’est pas que photographe, il a des passions, des choses à côté…
Le fait de discuter et de rencontrer des gens extraordinaires, c’est le gros plus, pour les voyages, les rencontres… Mais aussi la liberté, on ne travaille pas tous les jours, ce qui nous laisse du temps pour d’autres passions.
Quand j’étais pharmacienne j’avais moins de liberté d’expression, de créativité. Aujourd’hui je me nourris plus intellectuellement, ça booste le mindset. Je tiens énormément à mon métier.
S : Est-ce un métier difficile ? Qu'est ce qui est le plus difficile dans ce métier ?
Chloé Tranchant : Je dirais non, même si ça dépend des gens : on n’a pas tous les mêmes façons de vivre les choses, le même passé, les mêmes expériences de vie. Pour ma part non, je ne suis pas arrivée à 16 ans propulsée sur les grands podiums, à gagner tout de suite des milliers d’euros. J’ai eu mon passé d’étudiante, de salarié je sais ce que c’est que d’avoir eu un patron. Je sais ce que c’est d’avoir des horaires, des responsabilités. J’ai été danseuse dans une troupe pour payer mes études, j’ai eu une vie difficile, et pour moi ce métier de mannequin n’est pas difficile.
Pas toujours évidemment, ça demande de l’organisation : les transports pour enchaîner les jobs, être rarement à la maison… Il faut savoir anticiper, on peut être appelé pendant qu’on est ailleurs pour un casting : il faut toujours prévoir une tenue de casting dans la valise, et une tenue en plus si on enchaîne les jobs.
En tant que femme, il faut faire attention à ses ongles, être épilée, c’est simple mais on doit toujours être au taquet. Faire attention à sa peau, à son hygiène de vie, à son sommeil. Moi je vais avoir 32 ans, donc ce n'est pas la même chose qu'à 20 ans.
Contrairement à ce qu’on pense, je ne fais pas de mode, pas de podiums : les très grosses marques, ce n'est pas mon univers. Je suis plutôt du côté commercial, cosmétique, des choses en famille, des projets très smile, les voyages, le yoga, le sport… Ils ne sont pas très exigeants au niveau du corps, des fois on me trouve trop fine
J’aime bien manger, bien dormir, être en forme, ça demande une certaine rigueur, et il y a un petit peu moins de lâcher prise concernant les cosmétiques. Je ne peux pas me couper les cheveux hyper courts demain sans me poser la question par rapport à mes jobs.
On ne peut pas se faire un tatouage comme ça du jour au lendemain, même si certaines personnes vont te dire que oui. Il faut savoir que ça peut nous fermer des portes, comme changer sa coupe de cheveux. Personne ne nous dit “tu n’as pas le droit de le faire”, d’ailleurs je connais des filles qui font des tattoo régulièrement et qui n’ont pas de problème. Peut-être que moi je suis trop perfectionniste.
Le mannequinat c’est plus contraignant que difficile, par exemple shooter en maillot de bain l’hiver, mais l'équipe est souvent adorable.
Ce qui est difficile c’est de comprendre ce qui nous va, comprendre le créneau qui est pour nous. On peut se dire “j’adorerais faire du podium”, mais si on est trop ronde ou petite, à un moment donné on va se battre alors qu’on n’a pas le profil, et ça c’est le plus difficile. Trouver là où on est bon, comment on se sent dans tel ou tel domaine.
Moi je continue toujours de faire des test shoots, j’essaie d’en faire trois ou quatre dans l’année pour continuer à avoir des photos récentes. On change, la vie change, aussi bien en amour, la vie perso,
le corps change avec l’âge. Notre visage change, notre énergie change. Le fait de faire des photos régulièrement permet de montrer qui on est, ce qu’on sait faire. L’important est de rester actif. Ne pas se laisser porter, et se dire “ah mince ça ne marche plus, c’est peut-être trop tard”. Non, il faut rester constamment dedans, mettre de l’énergie pour être au-devant, avoir des photos qui peuvent faire la différence.
Il y a quelques jours, j'ai fait un nouveau test shoot avec un très bon photographe à paris qui s’appelle Romain Rosa, ça mettra du nouveau dans mon book., J’en ai pas besoin parce que je travaille mais c’est important pour moi de montrer sur quel genre de job je peux être mise.
C’est toute une gymnastique pour se valoriser.
S : Quel est ton plus beau souvenir dans ta carrière de mannequin ?
Chloé Tranchant : Toutes les premières fois : la première fois que j’ai voyagé avec un client à l’étranger, la première fois que j’ai eu un agent et qu’on a voyagé en Afrique du Sud. La première fois que que je me suis vue en 4 par 3 juste à côté de la maison, en voiture. La première fois vue dans le métro, la première fois que j’ai fait une énorme campagne mondiale pour une marque de montre.
L'anecdote, c’est que j’attendais la réponse de ce client, mais je ne connaissais pas cette marque, je ne suis pas trop les créateurs. Et je commençais à avoir d’autres demandes. Un jour je dis à mon chéri, “écoute, moi je ne vais pas attendre 107 ans !”
Puis le photographe m'appelle pour me dire que j’étais validée, et c’est là, en montrant les mails à mon chéri, que j’ai compris. C’est lui qui m’a dit que la marque Rado était une marque de luxe très connue, c’est une marque suisse.
J’ai plein d’anecdotes, mais c’est vrai que les premières fois… J’avais l’envie d’aller loin, je n’avais pas le profil mais finalement ça s’est fait naturellement. Maintenant je bosse très bien. Je travaille de plus en plus sur de grosses campagnes. À chaque fois c’est de bons moments, parce qu’à chaque fois je suis étonnée de ce qui arrive. J’ai beaucoup de gratitude pour ce qui m’arrive, parce que j’en ai rêvé mais jamais je n’ai pensé que ce serait possible. Le mannequinat à lui tout seul est un beau souvenir de vie, je suis très heureuse de tout ce qui se passe.
S : As-tu un conseil pour ceux et celles qui souhaitent se lancer comme toi ?
Chloé Tranchant : Je ne pense pas qu’il y ait de réel profil maintenant dans le mannequinat, on prend différents corps, différents visages, etc. C’est un milieu plus ouvert que ce qu’on pense. Le tout est de comprendre là où on est bon. Il y en a qui seront mannequins mains par exemple. Croire en soi, c’est quelque chose qui a fait que je suis là aujourd’hui. Parce que je me suis vue me fermer des portes d’agences, j’ai reçu énormément de critiques, que ce soit mon entourage, ou alors des personnes qui m’ont dit que je n’avais pas le profil…
J’ai beaucoup de cicatrices sur le corps, donc je pensais que ça gênerait, et en fait c’est dur d’avoir confiance en soi, le travail se fait seul même si avec des photos ça aide. Mais le tout est de croire en ses rêves.
Quand on a envie de quelque chose, il faut se donner les moyens, y mettre toute l’énergie pour y arriver et c’est ça je pense qui fait que j’ai tout donné. Je conseille souvent de faire des test shoots, de faire des nouveautés pour se différencier.
Dernier conseil, savoir pour quelle raison on le fait, pour ne pas se perdre. Toutes les raisons sont valables, le tout est d’être clair avec soi, de savoir pourquoi on s’engage. On est jugé sur notre physique, même s’il n’y a pas que ça, il ne faut pas se leurrer, il y a beaucoup d’humain dans ce métier.
Certaines marques vont préférer une fille super sympa, à l’heure, agréable, etc… Aujourd’hui ça fait du tort à beaucoup de filles d’être, comment dire, à côté de leurs pompes. Faut garder les pieds sur terre. C’est un savoir-vivre aussi. C’est ceux qui continuent de travailler. Faut pas croire, ceux qui sont jamais contents, qui râlent sur leurs bookeurs, tout doucement ils se tirent une balle dans le pied.
L’équilibre intérieur se ressent, si on n’est pas bien dans son corps et dans sa tête, évidemment ça fait la différence. Quand une personne est lumineuse, sait pourquoi elle est là, se donne les moyens, je pense que ça marche. C’est une question d’alignement, que ce soit le mannequinat ou autre. Mais dans le mannequinat on le remarque tout de suite. On le ressent.
Quand j’ai accepté ce que je voulais faire, quand j’ai eu plus de sérénité, le mannequinat a décollé pour moi. Je pense que c’est tout ça.
S : As-tu une actualité que tu souhaites partager ?
Chloé Tranchant : Oui, j’ai créé ma vie positive qu’on retrouve sur insta ici et sur internet www.maviepositive.com Je fais des interviews, c’est un blog, je partage ce que je fais. Je partage ma méthode de vide positif, je pratique le yoga du visage, je donne des tips, sur le yoga, pour améliorer les qualités de la peau. Je partage mon état d’esprit, mes lecteurs, du développement personnel.
Et là je fais des interviews de personnes inspirantes : ça va de la prof de français, au chaman, jusqu’à un jeune au Sénégal. Il y a de tout. Je prends le temps de faire ça, ça me tient à cœur, et je pense que ça peut faire du bien à d’autres personnes. C’est ma manière à moi de planter des graines pour un monde plus peaceful, plus dans l’amour et la bienveillance. Ça parait utopique mais c'est ma vision de la vie.
Je m'éclate. Plein de belles choses qui arrivent, peut-être une interview dans un magazine, je n’en dis pas plus mais tout doucement ça monte. Des voyages humanitaires qui se mettent en place.
Merci infiniment pour cette interview riche et généreuse.
Retrouvez Chloé sur son insta ici
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