par Anne Desmarest de Jotemps, autrice et productrice de podcasts
Le bijou et la mode sont étroitement liés, depuis toujours, avec des relations différentes.
La première « égérie » de la mode et du bijou serait à mon sens Agnès Sorel. C’était la favorite de Charles VII et elle a créé la
« fonction » de maitresse officielle. Par sa beauté, son charisme et son sens diplomatique, elle s’est imposée comme incontournable dans les relations du roi en matière d’art, de culture et de la mode.
Toute la cour copiait ses façons, de ses techniques de beauté à ses atours. Par exemple, elle a inventé le décolleté carré qui mettait en valeur sa poitrine.
Agnes Sorel
A l’époque le bijou et la mode étaient liés au sens propre : les gemmes se portaient cousues directement sur les vêtements et entrelacées dans la coiffure. Les diamants étaient interdit pour les femmes et encore plus si on n’était pas de sang royal (Isabeau de Bavière, mère de Charles VII possédait, exceptionnellement, un diamant-table).
Agnès Sorel serait la première femme à porter un diamant en bague offert par son amant et rapporté par Jacques Cœur. C’est donc grâce à elle que nous pouvons porter des diamants.
Depuis ce temps les maîtresses du roi ont joué le rôle « d’influenceuses » en matière de mode, des vêtements aux bijoux. Par exemple Madame de Pompadour aimait les nœuds, elle en ornait ses robes et bien entendu le motif est devenu récurrent en joaillerie.
Madame de Pompadour
Le vêtement influence le bijou : à l’époque où la robe contient un busc (une pièce rigide du devant corset allant des seins jusqu’au pubis) on crée des bijoux en « devant de corsage ».
Plus tard, les trembleuses sont de très lourds bijoux, démontables, qui forment une guirlande de la hanche, remontre sur le busc, jusqu’à l’épaule opposée.
Trembleuses
Ces magnifiques pièces peuvent être changées, avec des systèmes de vis et des minis tournevis livrés dans le coffret, pour former les tiares et ornement de cheveux. Avec les années folles et les robes souples, ce type de bijoux n’est plus portable, alors on invente le sautoir, ce long collier qui glisse sur la peau avec autant de légèreté que les soies libres de cette époque.
Le bijou est aussi symbole de pouvoir, comme le vêtement. Les attributs de la royauté sont autant la couronne que le manteau d’hermine.
Aujourd’hui, par exemple, si le style vestimentaire des rappeurs est symbolique du mouvement hip hop, les bijoux qu’ils portent le sont tout autant. Le collier est le premier bijou qui indique leur identité et leur côté « bankable » car ils évoluent avec leur position dans la sphère musicale.
Jay Z
Ce porté particulier du lourd bijou du rap redescend dans la mode en créant petit à petit un nouveau bijou pour homme que l’on voit dans les défilés, alors que la mode du rap a déjà influencée durablement la couture avec des tenues influencées de la Street c'est devenu un nouveau Lifestyle.
Historiquement c’est en 1925 que la Couture et le bijou se marie « officiellement ». Pour la première fois lors de cette exposition universelle le Pavillon de la Haute Couture est placée à côté de la joaillerie. C’est aussi la première fois que les Ateliers sont autorisés à mettre leur poinçon à côté de celui des Maisons qui sont leurs donneurs d’ordre.
Le pavillon joaillerie exposition
universelle 1925
Cet événement inscrira durablement la Haute façon française aux yeux du monde et Paris comme place incontournable de la Couture et de la joaillerie. C’est aussi le moment de l’avènement de l’art déco qui révolutionne la mode et les bijoux dans les coupes, les formes, les matériaux, les pierres fines.
Alexandre Vauthier pour Mellerio Mathieu Cesar
La maison Van Cleef & Arpels obtiendra le Grand Prix pour son bracelet aux « Roses » créé en 1924 spécialement pour cette exposition. Il est orné de 463 diamants, 293 rubis et 108 émeraudes dans un style floral. Ce bracelet est plat et souple et s’accorde bien avec la souplesse des vêtements, il est assez large, car les bras sont nus. Il est unique (au XVIIIe on ne portait les bracelets que par paire), c’est donc une asymétrie pour l’époque.
La mode et les bijoux n’en finissent pas de se lier. La plus ancienne Maison de joaillerie française (créé en 1515), Mellerio, le joaillier des reines, a créé une collaboration avec le styliste Alexandre Vauthier pour une collection architecturée et design.
Alexandre Vauthier pour Mellerio
Dans un mouvement inverse, LVMH, après les accessoires et la mode, a ouvert sa Maison de joaillerie sur la Place Vendôme en 2012.
Le salon BtoB de Muriel Piaser, Precious Room qui a lieu au Palais Vivienne s’est créé sur ce positionnement du bijou de mode. On y trouve les marques qui font du bijou, l’accessoire de mode, un bijou facile à porter, à cumuler, que l’on achète pour agrémenter une tenue de tous les jours. Comme les bijoux de Mademoiselle AD, une jolie maison familiale aux valeurs d’aujourd’hui (or responsable, engagement à la fondation Notre-Dame,…)
Découvre l'épisode du podcast : Brillante avec Muriel Piaser
Mademoiselle AD
Il y a aussi les designers-textile qui fabriquent des parures et bijoux uniquement pour la mode. Comme l’artiste textile Tzuri Gueta, ingénieur textile diplômé du Shenkar Collège de Tel Aviv et installé à Paris depuis 1996. Il a inventé et breveté une dentelle siliconée qui est son matériau d’expression avec lequel il crée des ornements de vêtements et des bijoux inspirés de l’univers organique des océans. Ses collaborations avec la haute couture sont nombreuses : Chanel, Givenchy, Jean-Paul Gaultier, Clarisse Hiéraix, Stéphane Rolland ou encore Yiqing Yin.
Tzuri Gueta
Ou encore l’artiste Isabelle Léourier qui collabore avec les studios de maisons de haute-couture parisiennes et étrangères (Christian Lacroix, Jean-Louis Scherrer, Stéphane Rolland, Christophe Josse, Valentino, Alexandre de Paris, Jun Ashida…), en proposant en commande ou en propres des collections d’ornements de tête et de bijoux d‘artiste.
Isabelle Léourier
D’autres designers sont spécialisés dans le bijou pour la mode.
Julie Eulalie exprime son talent au travers de bijoux et accessoires “haute-couture” qu’elle aime qualifier de “Haute-fantaisie". Et ne travailler jusqu’ici que pour des shootings couture.
Emmanuel Aubry s’occupait des collections « accessoires » de Pierre Balmain à Thierry Mugler, puis Christian Lacroix. Ces créateurs proposent maintenant des pièces de bijou couture sous l’impulsion de Sandy Holleville qui vient de créer la première Maison qui produit et commercialise les œuvres d’artistes et promeut ces bijoux mode en devenant la première Maison d’édition de bijoux couture.
link me -Maison Holleville-emmanuel Aubry
OUTRENOIR-Maiosn Holleville -Julie eulalie
Link Me est la première collection signée par Emmanuel Aubry caractérisée par des lignes à la fois futuristes et organiques, des portés audacieux et bien sûr une fabrication irréprochable dans les meilleurs ateliers joailliers parisiens. Outrenoir est la collection signée Julie Eulalie, inspirée par le peintre Soulages, elle met en valeur le travail du cuir par une Haute Façon, très couture.
Merci beaucoup Anne de nous avoir fait découvrir un peu plus sur l'univers du bijoux et de la mode.
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